Une Semaine en Haïti – n°676– Lundi
17 novembre 2003
Le rassemblement organisé par le Groupe des 184 n’a pas pu
pas se tenir
Ralentissement des activités à l’occasion d’un
appel à la grève lancé par le Groupe des 184
La paix tarde à revenir à Cité Soleil et aux Gonaïves
La Banque Interaméricaine de Développement (BID) approuve un
prêt de 185 millions de dollars
Un code de l'enfant est en train d’être préparé
>>> Le rassemblement organisé par le Groupe des 184 n’a pas pu pas se tenir
Le rassemblement organisé le 14 novembre au Champ-de-Mars par le
Groupe des 184 organisations et institutions de la société civile
n’a pas pu se tenir. En début d’après-midi, le
coordonnateur du Groupe des 184, Andy Apaid Junior, a invité les manifestants à rentrer
chez eux pour éviter des affrontements avec les partisans de Lavalas.
En effet, plusieurs personnes avaient déjà été blessées
par des jets de pierres et de tessons de bouteille lancées par des
partisans du pouvoir. L’objet du rassemblement était la présentation
d’un nouveau contrat social et d’un plan de sortie de crise.
Il avait notamment reçu le soutien de la Convergence démocratique
et d’autres partis d’opposition. En fin de matinée, beaucoup
d'entreprises avaient commencé à fermer leurs portes pour permettre à leurs
employés de se rendre au rassemblement.
Il existe, comme à l’habitude, plusieurs versions des faits.
Pour la majorité de la presse, il semble que, malgré les risques
encourus, plusieurs milliers de personnes aient tenté d’atteindre
le lieu de rendez-vous. Par contre, selon l’Agence haïtienne de
presse, les manifestants étaient peu nombreux et étaient noyés
dans la masse des partisans de Jean-Bertrand Aristide.
De multiples obstacles ont été mis à la réussite
du rassemblement : nombreux contrôles policiers, camions tombant en
panne sur les voies d’accès, interpellation au Champ-de-Mars
de vingt-cinq membres du Groupe des 184, qui devaient faire partie du service
d'ordre et auraient détenu du matériel «irrégulier ».
La police a fait usage de gaz lacrymogènes afin, a-t-il été expliqué,
de séparer partisans et adversaires du pouvoir. Elle a également
tiré des balles. André Apaid, a condamné le comportement
de la police qu’il accuse d’être restée passive
face au comportement violent des partisans du gouvernement. « Les élections
ne sont pas possibles dans un tel climat », a ajouté l’industriel.
L’ambassadeur des États-Unis en Haïti, James Foley, l’ambassadeur
de France, Thierry Burkard, ainsi que le responsable de la mission de l’OEA
avaient prévenu le gouvernement haïtien que le déroulement
de cette manifestation serait observé avec attention. James Foley
a ensuite déclaré que « le refus des autorités
de laisser se dérouler une manifestation pacifique jette une ombre
sur les célébrations du bicentenaire ». Le secrétaire
d’Etat à la Communication, Mario Dupuy, a pris la défense
de la police et tenté d’expliquer qu’en se rassemblant
au Champ-de-Mars, les « organisations populaires » ont tout simplement
répondu à l’invitation lancée à la population
par le Groupe des 184.
Dès le début de la semaine, le gouvernement, secondé par
la Justice, avait déclenché une offensive contre André Apaid,
a-t-on estimé dans la presse. Alors que le ministre de l'Intérieur,
Jocelerme Privert, soulevait la question de la nationalité d’André Apaid,
un cabinet d'instruction le convoquait dans le cadre de l’enquête
sur des meurtres perpétrés à Cité Soleil. Ses
avocats ont déclaré que l'intéressé, né de
parents haïtiens aux États-Unis, détient depuis 1988 un
passeport haïtien.
>>> Ralentissement des activités à l’occasion d’un appel à la grève lancé par le Groupe des 184
Les activités étaient réduites à Port-au-Prince
et dans certaines villes du pays, ce lundi 17 novembre. Le Groupe des 184
avait lancé un mot d’ordre de grève générale
pour protester contre les incidents du 14 novembre et l’arrestation
de vingt-cinq de ses membres. Parmi eux se trouvent Charles Becker, vice-président
de l’Association des industriels haïtiens et David Apaid, neveu
du coordonnateur des 184. Il semble que relativement peu de monde était
au courant de l’appel à la grève générale
.
Dans la capitale, selon Radio Métropole, de nombreuses écoles,
les banques, le gros commerce, les stations d’essence et beaucoup d’entreprises
du secteur industriel ont fermé leurs portes. Au Cap-Haïtien,
la grève n’a affecté que le secteur bancaire. Par contre, à Jacmel,
les grands magasins, le transport en commun et les banques commerciales n’ont
pas fonctionné. Le mot d’ordre de grève générale était
appuyé par le patronat, la Convergence démocratique et la plupart
des syndicats.
>>> La paix tarde à revenir à Cité Soleil et aux Gonaïves
Rétablir le calme à Cité Soleil, et à Raboteau,
le bidonville le plus célèbre des Gonaïves, semble représenter
un défi majeur pour les autorités. Des manifestations se suivent
jour après jour dans ces deux quartiers, qui avaient la réputation
d’être des fiefs du président Aristide. Le 13 novembre,
une étudiante de 21 ans a été tuée par balle
aux Gonaïves lors de la dispersion d’une manifestation anti-gouvernementale
par la police. Le calme précaire observé durant quelques jours
aux Gonaïves avait subitement basculé le week-end précédent.
Le 8 novembre, trois maisons appartenant à la famille William Joseph,
qui est accusé d’être complice du meurtre d'Amiot Métayer,
ont été incendiées par des manifestants. Le 10 novembre,
un camion, dont le propriétaire est soupçonné de collaborer
avec le gouvernement, a également été incendié.
Le 8 novembre, à Cité Soleil, des actions de groupes de partisans
du président Aristide se seraient soldées par un mort. Le 10
novembre, des centaines de personnes ont de nouveau manifesté contre
le gouvernement. Des partisans de Rodson Lemaire, ce chef de groupe Lavalas
tué le 31 octobre, ont gagné les rues aux cris de "A bas
Aristide".
>>> La Banque Interaméricaine de Développement (BID) approuve un prêt de 185 millions de dollars
La Banque interaméricaine de développement (BID) a approuvé le 12 novembre trois nouveaux prêts pour Haïti, totalisant 185 millions de dollars américains. Un des prêts est destiné en partie à financer des projets dans le secteur de l’agriculture dans la vallée de l’Artibonite. Il concerne également les domaines de la santé, de l’eau potable, des routes secondaires et de l’éducation. Les deux autres prêts ont trait au renforcement des activités du Fonds d’aide économique et sociale (FAES) et à la mise en place d’infrastructures économiques. Le rerésentant de la BID en Haïti a indiqué qu’avant le décaissement des fonds, le contrat devra être signé par le gouvernement et ratifié par le parlement. Il y a quelques mois, la BID avait approuvé quatre prêts d’un montant total de 35 millions de dollars. Les autorités haïtiennes avaient au préalable payé leurs arriérés envers la BID.
>>> Un code de l'enfant est en train d’être préparé
Le processus de préparation d'un code de l'enfant est en phase de finalisation. La préparation de ce code implique les ministères de la Justice et des Affaires sociales, l’UNICEF, ainsi que d'autres entités non gouvernementales. A l'initiative du ministère de la Justice, en collaboration avec l'UNICEF, un atelier de validation a été organisé du 5 au 7 novembre. Depuis un an, une commission composée des représentants de différents ministères et des ONG oeuvrant dans le domaine des droits de l'enfant a suivi le processus d'élaboration de l'avant projet du code de l'enfant. Il doit être soumis au parlement haïtien. Les travaux d'élaboration de ce code ont reçu l'appui financier et technique de l'UNICEF.
>>> EN BREF
Plusieurs milliers de lycéens ont manifesté le 12 novembre à Jacmel pour protester contre l'augmentation des frais scolaires annuels. De cent cinquante gourdes, ces frais sont passés cette année à deux cent cinquante gourdes. Cette manifestation, à laquelle ont participé des élèves des deux principaux lycées de la ville, s'est achevée sans incidents majeurs. Les lycéens appelaient les élèves de certains établissements privés à se montrer solidaires de leur mouvement. La police a monté la garde devant les écoles privées situées sur le parcours de la manifestation.
Le secrétaire général de l’Association des Journalistes haïtiens (AJH), Guyler C. Delva, devait tenir une réunion au Cap Haïtien concernant l’élaboration d’un code d’éthique pour la presse. Mais elle aurait été perturbée par des journalistes travaillant pour la plupart pour des médias pro gouvernementaux.
Au marché de Pétion-Ville, des changeurs d’argent ont été arrêtés par des policiers le 5 novembre. Pour obtenir leur libération, ils ont dû verser une importante somme aux agents de police basés à Delmas 33.
La station Radio Pyramides de Saint-Marc a été incendiée, selon l’Agence haïtienne de presse, par des partisans d'une organisation de l'opposition dénommée Ramicos. La Coalition nationale pour les droits des Haïtiens (NCHR) condamne cette attaque et demande que la Justice ouvre une enquête.
Le président Jean-Bertrand Aristide a inauguré le14 novembre, à Tabarre, l’Université de la Fondation Aristide pour la Démocratie. Ce projet financé, par le gouvernement taiwanais ,représente « une merveille » aux yeux du président haïtien. Une merveille qui, dit-il, doit signifier un symbole pour l’humanité. La cérémonie s’est déroulée en présence des ambassadeurs cubain et taiwanais Le campus universitaire comporte une salle de bibliothèque, une salle de sports et des chambres pour les étudiants. Pour le moment, seule la médecine générale sera enseignée ;
L’Association des irriguants de la plaine de l'Arcahaie a annoncé que
plus de 80% des plantations de bananes de cette zone sont affectées
par la cigatoca, une maladie qui touche directement les bananiers.
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