Une Semaine en Haïti – n° 691 Lundi 01 mars 2004

Jean-Bertrand Aristide a quitté le pouvoir

Violences et pillages à Port-au-Prince, allégresse au Cap Haïtien

Interrogations sur les conditions de départ de l'ancien président

La CARICOM critique ce qu'elle considère être un précédent dangereux

La France, les Etats-Unis et le Canada ont lâché le président en quelques jours

Les rebelles avaient décidé de marcher sur Port-au-Prince lundi

Port-au-Prince vivait sous la terreur depuis quelques jours

 

•  Jean-Bertrand Aristide a quitté le pouvoir

Dimanche, c'est à 6 heures que le président haïtien aurait signé sa lettre de démission. Officiellement en présence des ambassadeurs de France et des Etats-Unis. Trois quarts d'heure plus tard, l'avion dans lequel il avait pris place s'envolait de l'aéroport international. Il est arrivé tôt lundi matin à l'aéroport de Bangui (Centrafrique) où il devrait rester quelques jours avant de partir en exil vers un autre pays africain, sans doute l'Afrique du Sud. Il avait d'abord été indiqué qu'il se rendait au Maroc, mais ce pays a refusé de l'accueillir.

Dimanche matin, le président de la Cour de cassation, Boniface Alexandre prêtait serment comme président intérimaire. «Ma tâche ne sera pas facile (...). Le droit n'a pas de secret pour moi, mais la politique n'est pas mon fort», a-t-il reconnu avant d'en appeler à la collaboration de ses concitoyens et à la solidarité de la communauté internationale. Yvon Neptune a lu devant la presse la lettre de démission de Jean-Bertrand Aristide, rédigée en créole. Il y est expliqué qu'il quitte le pouvoir pour éviter un bain de sang. Le premier ministre et le nouveau président ont tous deux lancé un appel au calme.

Le premier acte de président de Boniface Alexandre aura été, en fin de journée, de demander au secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, l'envoi d'une force de paix. Quelques heures plus tard, le Conseil de sécurité de l'ONU approuvait à l'unanimité une résolution en faveur du déploiement d'une force internationale pour une période de trois mois maximum. Elle est chargée de créer "un environnement sûr", afin d'aider à la stabilisation politique et à l'acheminement de l'assistance humanitaire. Des casques bleus devraient lui succéder. A Port-au-Prince, deux avions militaires transportant des marines américains ont atterri dans la nuit de dimanche à lundi. Des forces spéciales canadiennes ont pris le contrôle de l'aéroport dimanche. Pour sa part, la France devait envoyer rapidement quelque 200 militaires à partir des Antilles. Ils pourraient être rejoints par une centaine de gendarmes venant de métropole.

Selon Evans Paul (KID), il devait y avoir lundi matin une réunion avec des représentants des insurgés, qui contrôlent plus de la moitié du pays. Il a également déclaré qu'avec le départ de l'ex-président, était levé l'obstacle à l'application du plan international présenté la semaine précédente. "Les insurgés doivent faire partie de la solution, car ce sont des Haïtiens", a déclaré pour sa part André Apaid, responsable du Groupe des 184. De son côté, Guy Philippe déclarait au Cap Haïtien : « Nous devons organiser une rencontre avec l'opposition politique pour trouver une bonne solution pour le pays et nous analyserons durant cette rencontre comment déposer nos armes». Interrogé sur son avenir, Guy Philippe aurait affirmé que ce sera au peuple d'en décider. Jusqu'à présent, il déclarait qu'il n'avait pas d'ambition politique. D'ores et déjà, il formule une revendication : la reconstitution de l'armée est selon lui une nécessité «primordiale».

La semaine dernière, l'ex général Abraham, qui vit en Floride, avait demandé la démission du président et s'était prononcé également pour la reconstitution de l'armée. Lors du départ forcé de Prosper Avril en 1990, il avait assuré la transition et remis le pouvoir à la juge Pascale Ertha Trouillot, en attendant l'organisation d'élections.

•  Violences et pillages à Port-au-Prince, allégresse au Cap Haïtien

Le départ d'Aristide a donné lieu dimanche à un déferlement de violences à Port-au-Prince, faisant au moins une dizaine de morts et autant de blessés, de multiples pillages et des destructions de bâtiments, stations-service et autres magasins. Dès l'aube, des tirs nourris résonnaient dans de nombreux secteurs de la capitale, surtout au centre ville. Des partisans armés de l'ex-président déchargaient leurs armes tous azimuts. .«Nous allons couper des têtes, brûler la ville et le pays si Aristide ne revient pas. C'est aujourd'hui que la révolution commence», menaçaient des centaines de jeunes armés de pistolets ou de machettes. Selon des témoignages, certains pénétraient dans des maisons privées à la recherche d'armes. Ils sillonnaient les rues de la capitale, intimidant les passants qui auraient voulu exprimer leur joie, et jetant certains dans leur camionnette. Ils ont mis le feu à des bâtiments officiels.

On a rapidement assisté à un pillage généralisé, notamment des commissariats et de supermarchés, tandis que des centaines de prisonniers s'évadaient. Le bâtiment de Télé Haïti a été entièrement pillé et saccagé par des hommes armés après qu'un bus ait enfoncé le portail. A Pétionville, les « chimères » restaient sur la défensive, tandis que le commissariat était pillé par une foule qui ne cachait pas sa satisfaction de voir s'achever le régime du président.

En fin de matinée, la police anti-émeute tentait de reprendre le contrôle de la situation. Elle est intervenue très brutalement, n'hésitant pas à tirer sur des présumés pillards et des « chimères », mitraillant selon Le Monde des voitures cherchant à forcer le pasage, et obligeant les habitants à démanteler des barricades. Des insurgés se réclamant du commandant Guy Philippe, une vingtaine d'hommes, peut-être plus, ont été aperçus patrouillant à bord de pick-up aux côtés de policiers. Un certain calme est ensuite revenu dans la nuit de dimanche à lundi, après l'instauration d'un couvre-feu de 18h à 6h.

Pendant ce temps, dans les rues du Cap-Haïtien, l'ambiance était à l'allégresse et aux manifestations de joie.

•  Interrogations sur les conditions de départ de l'ancien président

«Nous n'avons pas demandé sa démission.» a déclaré l'ambassadeur des Etats-Unis en Haïti, James Foley, qui ajoute : «Les Etats-Unis ont répondu à une requête du président demandant de lui assurer un départ en toute sécurité». Mais cette thèse ne fait pas l'unanimité.

Un gardien de la résidence de l'ancien président située à Tabarre a déclaré à des journalistes de RTL et de Libération que des soldats américains l'ont contraint, armes à la main, à monter dans un hélicoptère vers 2 heures du matin, accompagné de membres de sa sécurité. Ce témoignage rejoint une autre thèse selon laquelle, des fonctionnaires nord-américains, accompagnés de membres du DEA (service antidrogue des Etats-Unis) et de soldats lui ont mis le marché en main après des heures de discussion : ou démissionner ou être arrêté pour trafic de cocaïne. Selon un journaliste de TF1, il aurait cédé à la vue d'un dossier sur la vente de passeports haïtiens au réseau Al Quaeda.

La semaine dernière, Jacques Ketant, un narcotrafiquant haïtien extradé aux Etats-Unis avait déclaré devant la justice américaine que Jean-Bertrand Aristide contrôlait 85% du trafic de cocaïne transitant en Haïti. Lui-même ou un de ses frères serait le parrain de l'une des filles du président.

•  La CARICOM critique ce qu'elle considère être un précédent dangereux

Dans un communiqué, la Caricom s'interroge « sur le caractère volontaire de la démission » de Jean-Bertrand Aristide, qui survient « après la prise de régions en Haïti par des insurgés armés et après l'échec de la communauté internationale à fournir le soutien nécessaire. ». Aux Etats-Unis, des propos analogues sont tenus par des membres du parti démocrate. Ils ne partagent pas la satisfaction de la Maison Blanche, qui avait déclaré samedi soir : « Ses propres actions ont remis en cause son aptitude à continuer de gouverner Haïti. »

Pour le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin, "Il fallait rapidement trouver les moyens de sortir de cette crise pour éviter l'enlisement et la montée des violences et parvenir au déploiement d'une force multinationale". Selon lui, le départ du président Jean-Bertrand Aristide pour la République centrafricaine a été obtenu à l'issue "d'intenses consultations et d'une parfaite coordination franco-américaines". Il a souligné l'importance de l'envoi d'une aide d'urgence pour aider la population haïtienne. Après la nomination d'un président par intérim, "il convient désormais de mettre en place un premier ministre et, avec le cessez-le-feu, de soutenir le mouvement de réconciliation nationale", a souhaité le ministre français. "Toutes les forces politiques qui renoncent à la violence peuvent participer à ce mouvement", a-t-il estimé.

•  La France, les Etats-Unis et le Canada ont lâché le président en quelques jours

Jean-Bertrand Aristide l'avait affirmé à plusieurs reprises la semaine dernière : il n'était pas question pour lui de démissionner. Il retournerait à son bureau lundi, disait-il, et il appelait tous les fonctionnaires à faire de même. Il y a une semaine encore, les Etats-Unis, la France et le Canada exerçaient de très fortes pression sur l'opposition haïtienne afin qu'elle accepte un plan prévoyant une cohabitation avec le président Aristide en échange d'une réduction de ses pouvoirs. Ils affirmaient sur tous les tons qu'il était le président démocratiquement élu et qu'il devait achever son mandat.

Le refus du plan par l'opposition et la prise du Cap Haïtien par les rebelles armés ont fait basculer la situation. La France, puis les Etats-Unis et le Canada ont alors commencé à lâcher Jean-Bertrand Aristide Le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin avait convié à Paris des représentants du gouvernement et de l'opposition pour tenter une dernière négociation. Mais finalement, tout ce qu'il avait à dire aux représentants du gouvernement haïtien était que le président devait démissionner. Faute d'avion, les représentants de l'opposition n'ont pas pu venir à Paris.

Un haut responsable américain, qui conserva l'anonymat, déclara que l'administration de George Bush considérait que la meilleure façon d'empêcher les rebelles de prendre le contrôle du pays était qu'Aristide transfère le pouvoir au président de la cour suprême Boniface Alexandre, son successeur prévu par la constitution.

Officiellement, la France et les Etats-Unis se disaient favorables à l'envoi d'une force en Haïti, mais seulement après qu'une solution politique ait été trouvée en Haïti. La France parlait de l'envoi d'une force « civile », composée de policiers et de gendarmes. Par contre, les gouvernements de la CARICOM demandaient l'envoi de troupes de l'ONU pour protéger le régime de Jean-Bertrand Aristide. C'était également l'opinion du Parti démocrate des Etats-Unis.

Des gendarmes français furent envoyés en renfort à l'ambassade de France. 50 marines arrièrent à l'ambassade des Etats-Unis. Washington disait étudier la possibilité d'envoyer des troupes au large d'Haïti, officiellement pour prévenir tout exode de réfugiés et protéger les quelque 20000 résidents américains. Environ 500 boat people ont été interceptés par des gardes-côtes américains la semaine dernière. Ils ont été ramenés à Port-au-Prince en plein chaos.

•  Les rebelles avaient décidé de marcher sur Port-au-Prince lundi

Les insurgés haïtiens quitteront lundi Cap-Haïtien après y avoir laissé une autorité civile et militaire, pour marcher sur Saint-Marc et Port-au-Prince. C'est ce qu'indiquait samedi à l'AFP le responsable politique du Front de Résistance Nationale, Winter Etienne. Les jours précédents, la ville de Mirebalais avait été occupée. La rébellion armée avait commencé à s'étendre dans la presque île du Sud. Des hommes armés s'étaient emparés un moment de la ville des Cayes, sans qu'on sache s'ils étaient liés à la rébellion du Nord.

Affirmant céder à un appel de l'ambassadeur des Etats-Unis, qu'il aurait lu sur Internet, le chef militaire des rebelles Guy Philippe annonçait en fin de semaine que ses forces attendraient "un ou deux jours" avant d'attaquer la capitale. Les jours précédents, il disait vouloir laisser une chance à la paix au cas où Jean-Bertrand Aristide partirait de lui-même. Il déclara un moment vouloir couper Port-au-Prince du reste du monde et empêcher notamment les bateaux d'y accoster.

Interrogé sur ses objectifs, Guy Philippe, affirmait qu'une fois Jean-Bertrand Aristide chassé, les anciens militaires rendront leurs armes et ne se mêleront pas de politique. Il citait Montesquieu mais disait aussi que son homme politique préféré était le général Pinochet du Chili qui, selon lui, a fait de son pays « ce qu'il est aujourd'hui ». Il mettait en numéro 2 l'ancien président Ronal Reagan. Il déclarait ne pas avoir d'ambition politique.

•  Port-au-Prince vivait sous la terreur depuis quelques jours

Jean-Bertrand Aristide demandait l'envoi d'une force internationale en Haïti pour arrêter l'avancée de ceux qu'il qualifiait des terroristes. Il disait que quelques dizaines de soldats étrangers suffiraient à faire la différence. Selon le journal Beeld de Johannesburg, la police sud-africaine comptait envoyer la semaine prochaine 150 fusils, 5.000 paquets de cartouches, 200 bombes fumigènes et 200 gilets pare-balles. Cependant, il était peu probable que ces armes fussent destinées aux commissariats de Port-au-Prince. Certains de leurs occupants avaient fait clairement savoir qu'ils n'étaient que des policiers et non des militaires, qu'ils ne faisaient pas de politique et qu'ils n'avaient pas l'intention de risquer leur vie davantage que leurs collègues de province. Jean-Claude Jean-Baptiste, ancien chef de la police et proche conseiller de Jean-Bertrand Aristide, avait quitté Haïti, dit-on.

Des partisans du président, baptisés les « chimères » s'empareraient d'armes dans les commissariats dans les commissariats et de véhicules, y compris d'ambulances, pour sillonner les rues. Ils ont érigé des barricades sur différentes artères et à l'intérieur de divers quartiers, rançonné des automobilistes, racketté des passants, pillé des magasins, des hôpitaux, des centres d'enseignement, des pompes à essence et des entreprises de la zone industrielle. L'hôpital adventiste de Carrefour a même été pillé à trois reprises. Des médecins affirmaient que la morgue était pleine. Au moins dix cadavres ont été retrouvés dans la rue, baignant dans leur sang. Certains corps avaient les yeux bandés, d'autres les mains attachées. Les personnes blessées avaient le plus grand mal à se faire soigner. De nombreuses personnes se cachaient. Radio Vision 2000 a été mitraillé et des radios ont cessé d'émettre. Plusieurs journalistes étrangers ont été agressés.

Jeudi, des partisans armés du président ont tenté d'entrer de force dans une maison de Martissant et ont blessé un des gardiens. Dans cette maison s'étaient installées plusieurs femmes, membres de la direction de la Fondation connaissance et liberté (FOKAL). Après un siège de plusieurs heures, elles ont pu être évacuées grâce à 2 véhicules de la Croix Rouge.

Vendredi, des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants ont pillé des entrepôts au port. Des hommes armés, qui laissaient faire, les attendaient à la sortie pour prendre leur part. Ce jour là, l'ambassade américaine a exhorté le président Aristide à tenir ses partisans. Selon elle, « le gouvernement américain est découragé de devoir signaler que les groupes progouvernementaux ont commencé à incendier, piller et tuer ». Jean-Bertrand Aristide prit la parole à la radio le soir même. Il demanda à ses partisans de lever les barrages dans la journée et de les remettre en place la nuit s'ils le jugeaient nécessaire. Ils quittèrent les barrages le samedi matin et la population pu sortir se ravitailler. Cependant, les pillages se poursuivaient le samedi après-midi dans le port où environ 500 conteneurs d'aide américaine auraient été attaqués.

Le 10 mars, France Amérique Latine inaugure les 3 ième rencontres avec le cinéma d'Amérique Latine et des Caraïbes – par une soirée sur Haïti, au cinéma Paul Eluard, à Choisy le Roi, 4 av. de Villeneuve Saint-Georges.
En partenariat avec le Collectif Haïti de France et en présence de Camille Chalmers de la Plate-forme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif.

18h : Inauguration.

19h : «  Chroniques des femmes oiseaux » , en présence de la réalisatrice Michèle Lemoine.

20h30 : Repas haïtien, réservation obligatoire au 01 48 90 63 43.

21h30 : «  The Agronomist » de Jonathan Demme.

Info  : France Amérique Latine 01 45 88 29 21

 

Conseil de sécurité : Résolution S/12004/164 des Nations Unies au sujet d'Haïti (1 er mars 2004)

Le Conseil de sécurité ,

- Rappelant les résolutions et déclarations précédentes de son Président sur Haïti, en particulier la déclaration du 26 février 2004 (S/PRST/2004/4),

- Gravement préoccupé par la dégradation de la situation politique, sécuritaire et humanitaire en Haïti et déplorant les pertes en vies humaines déjà enregistrées,

- Se déclarant extrêmement préoccupé par la poursuite de la violence en Haïti, ainsi que par la possibilité d'une détérioration rapide de la situation humanitaire dans ce pays et ses conséquences déstabilisatrices dans la région,

- Soulignant la nécessité de créer un environnement sûr en Haïti et dans la région, qui favorise le respect des droits de l'homme, y compris le bien-être des civils, et facilite la mission des travailleurs humanitaires,

- Saluant l'Organisation des États américains (OEA) et la Communauté des Caraïbes (CARICOM) pour leur rôle de chef de file dans les efforts visant à promouvoir un règlement pacifique et à instaurer la confiance entre les parties, en particulier dans le cadre de leur plan d'action,

- Prenant note de la démission de Jean-Bertrand Aristide comme Président d'Haïti et de la prestation de serment du Président Boniface Alexandre en tant que Président provisoire d'Haïti, conformément à la Constitution d'Haïti,

- Prenant acte du fait que le nouveau Président d'Haïti appelle la communauté internationale à lui apporter d'urgence son soutien pour l'aider à rétablir la paix et la sécurité en Haïti et à promouvoir le processus politique constitutionnel en cours,

- Déterminé à soutenir un règlement pacifique et constitutionnel de la crise actuelle en Haïti,

- Considérant que la situation en Haïti constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales et pour la stabilité dans les Caraïbes, notamment parce qu'elle pourrait provoquer un exode vers d'autres États de la sous-région,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1 . Demande aux États Membres d'appuyer la succession constitutionnelle et le processus politique en cours en Haïti ainsi qu'un règlement pacifique et durable de la crise actuelle;

2 . Autorise le déploiement immédiat d'une force multinationale intérimaire pour une période de trois mois au maximum à compter de l'adoption de la présente résolution pour :

a)    Faciliter l'instauration de conditions de sécurité et de stabilité dans la capitale haïtienne et ailleurs dans le pays, selon que de besoin et si les circonstances le permettent de l'avis du commandant de la force, à l'appui de la demande d'assistance internationale adressée par le Président haïtien, M. Boniface Alexandre, en vue de promouvoir le processus politique constitutionnel en cours en Haïti;

b)    Faciliter la fourniture d'une aide humanitaire et l'accès des travailleurs humanitaires internationaux au peuple haïtien dans le besoin;

c)    Faciliter la fourniture d'une assistance internationale à la police et à la Garde côtière haïtiennes afin d'instaurer et maintenir la sécurité et l'ordre publics et de promouvoir et protéger les droits de l'homme;

d)    Favoriser la création de conditions permettant aux organisations internationales et régionales, notamment l'Organisation des Nations Unies et l'Organisation des États américains d'apporter une assistance au peuple haïtien;

e)    Coordonner l'action de la force, selon que de besoin, avec la Mission spéciale de l'OEA et avec le Conseiller spécial de l'ONU pour Haïti, de façon à éviter une nouvelle détérioration de la situation humanitaire;

3 . Se déclare prêt à créer ensuite une force de stabilisation des Nations Unies pour faciliter la poursuite d'un processus politique pacifique et constitutionnel et le maintien de conditions de sécurité et de stabilité, et à cet égard, prie le Secrétaire général, agissant en consultation avec l'OEA, de présenter au Conseil, de préférence dans les 30 jours suivant l'adoption de la présente résolution, des recommandations sur la taille, la structure et le mandat d'une telle force, y compris le rôle de la police internationale et les moyens de coordination avec la Mission spéciale de l'OEA, ainsi que sur le déploiement ultérieur de la force des Nations Unies trois mois au plus tard à compter de l'adoption de la présente résolution;

4. Se félicite de la désignation d'un Conseiller spécial pour Haïti par le Secrétaire général le 27 février et prie ce dernier d'élaborer un programme d'action des Nations Unies visant à faciliter le processus politique constitutionnel et la fourniture d'une aide humanitaire et économique, et à favoriser la protection des droits de l'homme et la promotion de l'état de droit;

5 . Demande aux États Membres de fournir d'urgence du personnel, du matériel et les autres moyens financiers et logistiques nécessaires à la force multinationale intérimaire et invite les États Membres contribuants à informer les responsables de la force et le Secrétaire général de leur intention de participer à la mission, et souligne l'importance de ces contributions volontaires qui aideront à couvrir les dépenses de la force multinationale intérimaire qui seront à la charge des États Membres participants;

6 . Autorise les États Membres participant à la force multinationale intérimaire en Haïti à prendre toutes les mesures nécessaires à l'accomplissement de son mandat;

7 . Exige que toutes les parties au conflit en Haïti cessent de recourir à la violence, et réaffirme qu'elles doivent respecter le droit international y compris les droits de l'homme et les auteurs de violations seront tenus responsables de leurs actes individuellement et ne jouiront d'aucune impunité; exige en outre que les parties respectent la succession constitutionnelle et le processus politique en cours pour régler la crise actuelle, et permettent aux forces de sécurité légitimes et aux autres institutions publiques haïtiennes de s'acquitter de leurs fonctions et d'assurer l'accès des organismes humanitaires afin qu'ils puissent accomplir leur mission;

8 . Demande à toutes lesparties en Haïti et aux États Membres de coopérer pleinement avec la force multinationale intérimaire en Haïti dans l'exécution de son mandat, de respecter la sécurité et la liberté de mouvement de la force multinationale intérimaire, et de faciliter le libre accès dans des conditions de sécurité du personnel humanitaire international et l'acheminement de l'aide aux populations dans le besoin en Haïti;

9 . Prie les responsables de la force multinationale intérimaire en Haïti de rendre périodiquement compte au Conseil, par l'intermédiaire du Secrétaire général, de l'exécution de son mandat;

10 . Demande à la communauté internationale, en particulier à l'Organisation des Nations Unies, à l'Organisation des États américains et à la Communauté des Caraïbes, de coopérer avec le peuple haïtien dans le cadre d'un effort à long terme visant à promouvoir la reconstruction des institutions démocratiques, et de participer à l'élaboration d'une stratégie propre à favoriser le développement social et économique et à combattre la pauvreté;

11 . Décide de demeurer saisi de la question.

Un bulletin du Collectif Haïti de France
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