Ogou chevauchant

Dimensions 35/45 cm Prix 50 / 60 euros

Ogou chevauchant.

 Ogou, Loa de la famille Nago, prend souvent les traits de Saint Jacques Majeur.( Représentation chrétienne : vêtu en pèlerin, avec bâton, besace, chapeau, pélerine et coquille, parfois tenant un livre ou une épée. Cité à plusieurs reprises dans l’Evangile, Jésus l’avait surnommé "  Fils du tonnerre " à cause de son caractère impétueux.

Ogou. Sa couleur préférée est le rouge, il est célèbre pour sa vaillance guerrière. Mais il est aussi un Loa de la fertilité en tant qu’amant d’Ezilie qui est la beauté et la sensualité et règne sur le domaine des eaux.

1803. Toussaint –Louverture, le vainqueur de Bonaparte, trahi, a été transporté en France au fort de Joux où il mourra.

17 octobre 1806. Son successeur, Jean Jacques Dessalines, ancien esclave devenu empereur, haï des mulâtres, qu’il veut déposséder des terres qu’ils ont illégalement acquises, tombe dans une embuscade alors qu’à la tête de son armée il descend vers Port au Prince pour mater une révolte. Son image de guerrier se mêlera à celle du Loa Ogou.

Charles Najman, dans son beau livre "  Haïti. Dieu seul me voit " ( Ed Balland) raconte comme une épopée la fin de l’Empereur légendaire : le Massacre de Pont Rouge. Elle donna lieu à la légende de sa réapparition sous forme de Loa. (Esprit)

" La route est remplie de soldats surgis des fossés en bordure du chemin. Un officier mulâtre crie : " Tirez ! " L’empereur est tombé dans une embuscade…cinquante fusils le visent…L’empereur prend une grosse massue et la fait voltiger au-dessus de lui. D’un seul coup, il abat les baïonnettes qui le menacent. Avec l’unique officier qui lui reste fidèle, Dessaline fonce à travers la troupe. "  Tuez-le ! Tuez-le ! " répètent les mulâtres. Dessalines continue à faire voltiger sa massue. Il touche un crâne. Mais derrière les buissons, un traître se cache. Il met sa carabine à l’épaule et tire. La balle touche le cheval de Dessalines. L’empereur est à terre. Une lame de baïonnette lui tranche le visage. Les mulâtres déchirent son uniforme, lui coupent ses doigts, ses bras et ses jambes, enfin, ils enfoncent leurs baïonnettes dans sa chair. L’empereur a cessé de vivre. "

Sitôt après sa mort, Dessalines est entré dans la légende. Il devient un personnage vénéré par le peuple haïtien et un personnage de la mythologie.

" Pour beaucoup d’Haïtiens, continue Charles Najman, l’empereur communiquait directement avec les esprits. […] Selon certains initiés, Dessalines était lui même possédé au combat par les dieux guerriers. Lorsqu’il montait son cheval pour la bataille, la tête ceinte de son foulard rouge, c’était Shango, le dieu de la tempête et de la guerre, dit-on, qui lui insufflait son ardeur combattante. Quand Shango possédait Dessalines, ajoutent les adeptes du « lanceur de foudre ", il dirigeait alors lui-même le combat. […] D’autres initiés prétendent que Dessalines " servait " Ogou. C’est pour Ogou, paraît-il, que plusieurs hommes de guerre haïtiens comme Dessalines, portaient sur leur uniforme la couleur rouge. Les Ogou sont des esprits redoutables. Ils rugissent comme des fauves, parlent d’une voix de tonnerre, tremblent de tous leurs membres, caracolent comme des chevaux et mangent avec avidité tout ce qui leur tombe sous la main, y compris des morceaux de verre. Ils marchent sur des braises, jonglent avec des barres et des boulets rougis au feu, et vont même jusqu’à les lécher. Ils peuvent également boire plusieurs bouteilles de rhum sans éprouver les effets de l’ivresse. "

Le chef de la famille des Ogou est Saint Jacques Majeur, appelé aussi Maît’ Ogou. Il a le rang de Ministre de la guerre. On le considère comme l’ancêtre des Ogou et on lui attribue l’usage du feu. mais c’est surtout à Ogou-Ferraille, dieu des armées, patron des forgerons et protecteur des braves, que l’on associe Dessalines. C’est un esprit particulièrement violent. […] Aujourd’hui, c’est l’esprit de Dessalines qui possède les initiés. 

Les forgerons du Vaudou représentent Ogou (Saint Jacques Majeur, le saint catholique,, pourfendeur des Maures) et l’empereur dans un même personnage mythique. La dualité des icônes est un signe caractéristique de la mythologie vaudou. Les Loa assurent la continuité entre le monde des vivants et celui des morts. Ils ne sont jamais totalement négatifs pour les humains qui doivent négocier avec eux. Mais c’est aussi, dans cette sculpture, l’image des dieux « chevauchant les humains ».