Projet
de jardins communautaires
3 - JUSTIFICATION DU PROJET - LE CONTEXTE ET LES BESOINS
Location,
pour 2 ans, dans la plaine de l’Artibonite, d’un
terrain irrigable, de deux hectares adapté aux cultures maraîchères.
( Plaine à riz)
Aménagement et partage des terres par lots, ( 1000 m² environ
par famille).
Fourniture des outils, des pompes pour l’arrosage, aide à l’entretien, à l’achat
des semences.
Construction d’un hangar. (abri outils et gardiennage)
Lot commun de
3000m² ( participation collective) destiné à alimenter
un fonds de roulement et d’investissement.
Organisation du système d’exploitation, et d’un
système de gestion avec participation des populations concernées.(
Formation)
Formation à l’agriculture vivrière intensive.
Mise en place d’un fonds de solidarité en vue d’un
début d’autofinancement.
Mise en place d’un comité de gestion.
Environnement physique, économique et sociologique.
Lieu d’implantation. Géographie . Conditions climatiques.
Verrettes (et son agglomération) est un gros village situé au centre de la grande plaine haïtienne nommée « Artibonite » plaine étroite, fertile, autour de la rivière du même nom. Cette plaine est bordée au nord-est par les massifs désolés des Montagnes Noires ( Mornes) aux fortes pentes, au climat tropical, semi aride . Au Sud, la chaîne des Matheux, plus sèche, qui culmine à 1500m. Ces régions sont caractérisées par deux saisons bien définies : une pluvieuse de mai à novembre ( avec de fortes pluies destructrices, gros orages et dépressions cycloniques) l’autre très sèche, de décembre à avril. Les villages de Terre nette se situent dans la Chaîne des Matheux, dont l’environnement est particulièrement dégradé.
La terre et les hommes. L’exode et la misère
La dégradation de la couverture végétale et d’autres structures biologiques dans les mornes semble irréversible. Si la plaine de l’Artibonite est relativement riche ( à l’échelle du pays) – avec quelques grandes propriétés et une majorité de tout petits domaines dont les habitants arrivent à vivre de l’agriculture - les régions des mornes ( montagnes) sont particulièrement déshéritées et les populations, fragilisées, en permanence aux limites de la famine et subissent souvent la violence que créent la misère et les inégalités. Cette violence s’est aggravée au cours des dernières années, et les habitants se sont déplacés vers les villages de la plaine, où ils se retrouvent sans aucune ressource.
Terre stérile, mauvaises pratiques agricoles. Déboisements.
Les déboisements, tout au long des décennies précédentes, les mauvaises pratiques agricoles, ont entraîné une disparition des sols cultivables, par érosion. Les pluies tropicales très fortes, sur les pentes abruptes, détruisent les sols. Les agriculteurs n’ont pas les moyens d’y remédier (interventions lourdes et coûteuses). S’y ajoute la nécessité vitale pour la population de déboiser pour fabriquer du charbon de bois : pour cuire les aliments, pour gagner sa vie en vendant le bois aux habitants des villes.
Le manque d’eau.
Paradoxalement, dans cette région où les précipitations annuelles avoisinent les 1500mm, les populations manquent d’eau. L’infrastructure est insuffisante pour récupérer les eaux de pluie. ( Il en est de même de l’eau pour la boisson et la cuisson, qu’il faut aller puiser à plusieurs kilomètres, chaque jour, dans les rares rivières situées plus bas.)
Le partage des terres . Iniquités.
Les petits paysans représentent, avec leurs familles, 5 millions de personnes à HaÏti. 65% de la population , malgré l’exode rural. ( Beaucoup des paysans déshérités quittent la campagne, vers les bidonvilles).
La lutte est quotidienne pour survivre, pour l’accès à la terre. Dans l’Artibonite, que des grands travaux d’irrigation datant des années 50 ont rendue fertile, ( cette plaine est le grenier à céréales d’Haïti), des luttes incessantes, souvent très violents, ont lieu entre les grands propriétaires ( les « grandons ») et les petits paysans privés de terre. ( Les grands propriétaires ont reçu en dons leurs terres au cours du XIXième siècle).
Incontournable, à chaque génération, entre les enfants de familles très nombreuses, le partage des terres a entraîné l’obligation pour les paysans, de survivre sur de très petits lopins , quand ils en possèdent ( un ou deux ares de mauvaise terre pour toute une famille) dans les mornes où ils se sont d’abord réfugiés. La réforme agraire initiée en 1997 est en sommeil. La corruption et le clientélisme ont ramené les conflits qui avaient un moment cessé.
Le manque de moyens , d’outils, de possibilité d’investissements, qui interdisent la réhabilitation, la fertilisation des terres, et donc toute agriculture plus intensive ou plus efficace.. ( voir Doc joint.)
L’isolement et le manque de voies de communication.
Les habitants doivent parcourir plusieurs heures de marche dans les montagnes arides, sous la chaleur, pour se rendre à Verrettes au marché, unique lieu d’échanges ; de même pour les enfants qui veulent fréquenter l’école. Les chemins ne sont carrossables, difficilement, que sur une petite partie, mais les paysans n’ont pas de moyens de transport. ( Très rarement ânes ou chevaux)
¤ La situation générale très difficile du pays aggrave la misère des plus pauvres et les difficultés pour attirer des entreprises. ( Instabilité politique, corruption, violence, aides internationales coupées depuis des années, dette, infrastructures inadaptées au développement, inflation galopante,…manque d’énergie. La capitale, Port au Prince, 1,5 millions d’habitants, nombreux bidonvilles témoins de la désertion des campagnes et du paupérisme, n’a que quelques heures d’électricité par jour, et la nuit, seulement dans certains quartiers favorisés)
Conséquences
Ainsi, la population de ces villages perdus, mal nourrie, exclue des systèmes de santé, illettrée à 80%, sans terre, sans travail dans les mêmes proportions, ( les paysans se louent comme ouvriers agricoles, pour des salaires de misère, sur les terres de la plaine, ou tentent d’émigrer vers Saint Domingue, mais le travail est rare, très dur, et les salaires ne suffisent pas à nourrir une famille ) est-elle le plus souvent au bord de la famine. La mortalité infantile y est très forte. L’espérance de vie est de 50 ans. Les plus démunis tentent de fuir ces zones tandis que les plus forts s’approprient leurs biens. Or, il existe dans la plaine des terres fertiles non cultivées . Elles pourraient permettre à des familles de rester à la campagne et d’y vivre décemment.
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