Les humains. Les esprits. Les mondes et les puissances de l'ombre.
Les temples.
Dans un temple Vaudou, ( Oufo ),
- les anciennes cases mystères ( Kay mistè ) des camps marrons
- discrètement niché au milieu d'un quartier de bidonville,
ou dans une cabane de village, le visiteur, aujourd'hui, n'aperçoit
tout d'abord qu'un fouillis d'objets hétéroclites. Vases,
bouteilles, colliers, bougies, pierres sacrées, pots, paquets magiques,
poupées pendues la tête en bas, ficelles de toutes tailles
et de toutes couleurs, entassés sur un autel. Ce sont des Wangas.
Ils sont destinés à capter les esprits, maléfiques,
bénéfiques ou protecteurs : les Lwa, ( esprits) dont ils portent
les signes distinctifs ou les couleurs. On donne le nom de " travail
" aussi bien à ces paquets qu'aux cérémonies durant
lesquelles ils sont fabriqués. Des tambours et vaccines (trompettes de bambou) rythmeront les cérémonies, suivant les Lwa invoqués. |
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Des Esprits surnaturels : les Lwa.
Les Lwa , puissances vitales ou mortifères,
très nombreux, regroupés en familles, peuvent contribuer à
jeter des mauvais sorts, comme ils peuvent aider le pratiquant à sortir
d'une situation défavorable. On les interroge, on les sollicite, car
ils participent au destin des hommes, voire des états ! Ces esprits disposent
d'une certaine autonomie et parfois d'un caractère versatile ! Il s'agit
de les amadouer, de passer avec eux une sorte de contrat. Ils sont les intermédiaires
entre le monde des vivants et les puissances invisibles, à la tête
desquelles se trouve le maître suprême, inaccessible. Ils interviennent
auprès des vivants, de leur naissance à leur mort, à travers
leurs activités sur terre.. Ils prennent parfois en représentation
( peintures, sculptures, tôles découpées ) les visages d'animaux,
des Saints de la mythologie chrétienne, d'ancêtres disparus, de
personnages historiques. Les Lwa sont terrestres, mais invisibles : ils logent
dans les éléments naturels : les arbres, les rivières,
les montagnes, le tonnerre, la tempête, le feu, l'eau, l'air. Ils peuvent
entrer, lors des cérémonies, dans les corps des humains qui les
sollicitent et qu'on appelle les initiés. Ils font le lien entre le passé
le présent et l'avenir. Ils installent ainsi le surréel dans le
réel. L'imaginaire vaudou est extraordinairement fertile, mais souvent
caché, abscons, pour un spectateur inattentif ou peu au fait des codes
de cette mythologie complexe au panthéon pittoresque.
Les Oufo ( temples) possèdent parfois deux espaces, car il existe de
bons Lwa : les Lwa doux ou Lwa -Ginen
(les Lwa de Guinée) , les
Lwa agressifs ou Lwa amers, pour les pratiques de magie défensive ou
offensive.
L'espace de cérémonie.
Le poteau mitan ou axe du monde.
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Au milieu du temple est un espace réservé aux cérémonies. On y trouve un axe central, sous forme d'un mât décoré des signes des Lwa (le poteau mitan) qui est le symbole de la communication entre le monde céleste ( où règne le Grand Maître, destin, providence, dieu inaccessible sans la médiation des Lwa) et le monde terrestre : le poteau mitan est l'axe du monde. Un arbre sacré peut jouer ce rôle, semble-t-il, dans la campagne. Par là arrivent les Lwa, lors des cérémonies en leur honneur. Autour du poteau mitan se dérouleront ces cérémonies. |
Les cérémonies peuvent avoir lieu dans les temples, mais aussi dans la campagne, à la croisée des chemins, ou au pied d'un arbre sacré, comme sur ce tableau de Metellus Bekens. |
Les Offrandes
Au pied du poteau mitan, sur un socle, sont rassemblées les offrandes.
Bouteilles d'alcool, nourritures diverses. Elles sont destinées aux Lwa
dont on espère la venue et sont différentes suivant leurs goûts.
( Metellus Bekens : cérémonie)
Les vèvè, signes magiques des Lwa.
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Au sol sont dessinées, autour du poteau mitan, à la craie, avec de la farine, du plâtre ou du marc de café, les symboles des Lwa : les vèvè. D'autres signes des Lwa sont souvent peints sur le poteau mitan (avec des objets accrochés). Ils symbolisent les Lwa que l'on veut honorer. Les symboles de plusieurs Lwa sont parfois combinés dans un seul dessin.
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Les Lwas sont souvent représenté sur des tôles découpées. Ici : une reproduction d'une tôle découpée représentant le Lwa de la mer, Agwé, avec son épouse la Sirène. Les Lwa sont souvent la réincarnation symbolique des ethnies de la lointaine Afrique. Les Lwa sont regroupés en plusieurs familles (les nations). |
Des prêtres craints et respectés.
Ils sont en même temps des guérisseurs
des âmes et des corps. Psychothérapeutes et souvent aussi
" médecins-feuilles " (doktè-fey), guérisseurs
par les plantes, certains glissent vers la sorcellerie, mais sont réprouvés
par les vaudouisants orthodoxes. On accède à la prêtrise
par de mystérieuses cérémonies d'initiation quelquefois
dangereuses : réclusions, épreuves diverses, ingestion de
boissons magiques, régimes alimentaires spéciaux, ( "
Boulé zen ", brûler zinc, consiste à plonger
les mains dans un liquide bouillant, sans se brûler !) Ce pouvoir
surnaturel qu'on leur prête se transmet parfois dans une famille.
Il existe parmi les prêtres une hiérarchie.
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Le vèvè d'Ezili, Lwa de l'amour, est formé de multiples cœurs ! Elle répond en effet aux avances de nombreux autres esprits…Mais il s'agit aussi d'un effet de miroir (qui est aussi son attribut) doublement symbolique. Ses couleurs sont le bleu et le rose, son arbre le laurier, elle est séduisante, coquette, sensuelle et affiche souvent un comportement provocateur…bien qu'on la représente parfois sous les traits de la vierge Marie ! Son domaine : l'eau, les rivières De chaque côté, les deux serpents sont le symbole de Dambala. On le sollicite pour acquérir richesse et bonheur. Il est le principe du bien auquel est associée la couleur blanche. Son domaine est l'eau, les sources. |