Quelques figures de la

mythologie Vaudou.


Papa Legba. Le maître des Lwa.

Papa Legba, ouvri bayè a pou mwèn - Papa Legba , ouvrez-moi la barrière
Pou mwèn pase - Pour me permettre de passer
Lè ma tounen - A mon retour
Ma salyié Lwa yo - Je saluerai les Lw
a

Le Lwa Papa Legba est aussi appelé " Mèt-Calfou ", le maître des carrefours. Il garde l'entrée des temples, la croisée des chemins. ( Laënnec Hurbon, Maître de recherches au CNRS et professeur d'ethnologie à l'Université Quisqueya à Port au Prince, grand spécialiste du Vaudou, dans son livre " Les mystères du Vaudou " Gallimard , le compare au Prométhée des Grecs anciens, qui vola aux dieux le feu, le savoir, pour le donner au monde des hommes).
Papa Legba est le premier Lwa à être invoqué lors des cérémonies. Versatile, parfois colérique, il peut être tour à tour protecteur ou maléfique, vers midi ou vers minuit, se changeant en esprit errant. Il prend possession, avec violence, des initiés. On le représente parfois sous les traits de Saint Pierre, qui garde les clés du paradis, ou de Saint Antoine, mais il a de temps en temps de petits airs de Satan ! Il ouvre le chemin vers tous les Lwa. Il vit sur les routes ou les croisements, où il apparaît parfois sous les traits d'un vieillard boiteux en haillons ; son domaine est la terre.
Ses arbres préférés sont le calebassier et le médicinier, sa couleur le rouge. On lui offre du riz des bananes, des coqs.
  Les trois Egyptiennes, figures mystérieuses de la mythologie Vaudou sont représentées dans ce tableau de Bekens, apparaissant aux invocations du Oungan, pour venir guérir une femme malade. Ces personnages sont présents dans les légendes de Jacmel, petite ville " coloniale " du sud et centre artistique d'Haïti.

 

Le Baron Samdi. (Baron cimetière ou Baron La Croix)

Il est le chef des Gédés, qui sont les Lwa de la mort. Il a pour femme la " Grande Brigitte " Il est souvent en habit noir et en chapeau haut de forme et fume le cigare en buvant du rhum. Ses danses lascives imitent l'accouplement sexuel. Il profère des obcénités. Les cérémonies de magie et de sorcellerie qui lui sont consacrées ( expéditions ) ont lieu dans les cimetières ou à la croisée des chemins. Laënnec Hurbon écrit " Dans la représentation qu'en donne Duval Carrié - peintre connu - son étrange ressemblance avec l'ancien dictateur Duvalier et son phallus exhibé, pissant le sang, évoquent les forces maléfiques qui dominent encore la vie politique haïtienne " ( Les Mystères du Vaudou).Les artistes haïtiens, ne manquent jamais de glisser dans leurs œuvres quelques allusions ironiques à la politique ou à la société haïtienne et ceux qui la dirigent.
Baron Samdi est symbolisé par la croix qui est à l'entrée des cimetières. Les bouteilles de rhum (souvent nombreuses !), les crânes, les bougies complètent ses attributs. On lui sacrifie boucs et coqs noirs . Son attribut est une croix noire. Ses couleurs : le noir et le violet.

Dans ce tableau " Apparition des esprits ", Metellus Bekens figure le Baron Samdi sous forme d'une tête de mort.  

Les Gédés

Les Gédés sont une ancienne ethnie africaine vaincue à la guerre par la royauté d'Abomey, et vendus en tant que prisonniers, comme esclaves. En Haïti, ils sont devenus les esprits de la mort. Ils font peur : ils exhibent les attributs de la mort ( noirs, en tenue de croque-mort, le parler nasillard, les lunettes noires, le coton dans le nez, ) mais par leurs chants obscènes, ils provoquent aussi le rire. (Le tragique et la dérision comique sont souvent mitoyens dans la vie comme dans l'art.) Leurs couleurs sont le noir, le violet et le blanc. Leur fête a lieu le 1er et le 2 novembre. Ils racontent des histoires grivoises, ont un comportement excentrique, qui déclenche l'hilarité en plein milieu des cimetières et des enterrements ! Ils sont au carrefour de la vie et de la mort.
Le " Roi des poissons ", du peintre Delice, ( Huile sur toile) est un clin d'œil à Agwé, Lwa populaire parmi les pêcheurs et les marins. Il aime la mer (bleue) le vert et le rose. Le possédé se jette dans une rivière lorsqu'il est " chevauché par lui ". Il est un mulâtre au teint clair. Mais il est aussi la caricature des nantis…qui sont un peu les rois dans le marécage haïtien, ou des gouvernants corrompus.

Ezili Freda

Elle est parfois, dans les représentations, une belle mulâtresse. Elle se vêt de bleu et de rose. Elle aime les lauriers, prend souvent le visage de la vierge Marie. Mais elle est provocatrice par son attitude sensuelle et ses airs de prostituée. Elle adore les parfums. Elle est le Lwa de l'amour. On lui offre des parfums, des objets de toilette. Elle habite sur les rives des fleuves. Ses attributs sont un cœur multiple et un miroir.

La " Gran Brijitt ", (Grande Brigitte) représentée par le très célèbre peintre haïtien André Pierre, est un esprit, femme du chef des Lwa de la mort : le Baron Samdi. Les dessins magiques, (vèvès) à ses pieds représentent deux autres esprits ( ou Lwas) : le baron Samdi et Ezili. On lui offre souvent des poupées.(Voir Mythologie Vaudou)

   

Dambala

Il a pour symbole les serpents, de nombreux arbres. Il est un Lwa doux, bénéfique. Sa couleur est le blanc. Les possédés se traînent par terre comme la couleuvre qui le représente.. On lui offre ce qui est blanc : poules blanches, riz, lait œufs, farine…Son domaine est l'eau. Il habite dans les sources et les rivières. Son symbole : la couleuvre arc en ciel. Sa femme est Aïda Wedo. Elle a les mêmes domaines d'influence et lieux de prédilection que son mari.

Cousine Azaka,( Cousin Azaka.)

Elle fume la pipe et porte une sacoche de paille (la macoute), ses couleurs sont le bleu, le rouge et le vert. On lui offre du pain et de l'eau de vie. Elle protège les champs et les cultures. Elle a pour symbole un petit lézard. Cousin Azaka , représenté parfois sous les traits de Saint Isidore a les mêmes attributions. Il est accompagné, sur les représentations, d'un ange qui laboure la terre. Ses attributs sont essentiellement liés au monde agricole. Ils est l'ennemi des citadins.

Ogou

Il se voir offrir un sabre, il a pour attribut des cornes de taureau…C'est un guerrier, il est vaillant, courageux. Ils catalysait les énergies des esclaves marrons.. Il aime recevoir en offrande des coqs rouges, parfois un bœuf . ses serviteurs portent un foulard rouge. Le feu est son domaine. Mais il est aussi le Lwa de la fertilité : comme le Zeus grec, il entretient des rapports intimes avec de nombreux autres Lwa. Il est le cousin d'Azaka, Lwa de l'agriculture. Il est le père de Brave Gédé qui préside à la mort et dont l'attribut est le phallus.

Le Vèvè de l'esprit Ogou Feray, Lwa des forgerons, du feu et de la guerre. Base triangulaire, croix, sabres . Les V et A sont les symboles du principe masculin guerrier. Le tableau de Metellus Bekens " Enfer Noir " est composé sur le modèle du Vèvè.

Les Lwa Jumeaux ou Lwa Marassa,

Ils sont parfois représentés sous les traits de Saint Côme et Saint Damien, disposent de pouvoirs extraordinaires (faire tomber la pluie, conseiller les malades et les docteurs-feuilles sur les plantes qui guérissent). Ils sont invoqués juste après Papa Legba dans les cérémonies. Leur gémellité les apparente à certains dieux androgynes d'autres mythologies (Africaine ou Grecque ancienne) . Ils symbolisent l'harmonie première, l'union originelle du ciel et de la terre, du jour et de la nuit, ils réunissent les contraires. Mais en tant que tels, car ils rassemblent des éléments opposés, ils sont jaloux et vindicatifs, parfois violents si on les oublie.
Les Lwa jumeaux ou Lwa Marassa ont beaucoup de pouvoirs. Ils symbolisent l'unité originelle de tous les contraires. On leur fait des offrandes en double ou en triple… Au centre, les œufs symbolisent la fécondité. Les V entrecroisés sont le féminin et le masculin mêles. Les mets qui leur sont servis sont posés dans un récipient unique, partagé en deux ou en trois parties. Ils peuvent communiquer aux hommes des savoirs concernant les plantes médicinales.

" On ne devrait pas étudier le Vaudou, dit Alfred Métraux dans son livre " Haïti. La terre les hommes et les dieux " comme un ensemble de croyances et de pratiques folkloriques pittoresques. Le Vaudou est une religion, d'une singulière complexité, qui n'a rien perdu de sa force créatrice et qui " fonctionne " dans le sens technique que les ethnologues donnent à ce terme. Or cette religion est non seulement l'objet d'une foi profonde, mais ses adhérents ne cessent de l'enrichir d'apports nouveaux, tant dans le domaine de la liturgie que dans celui de la mythologie. Le vaudou est un laboratoire idéal pour qui veut saisir sur le vif les mécanismes psychologiques qui ont produit les religions qui nous sont familières. "

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