Les cérémonies
Les cérémonies, réglées par le prêtre ( l'Oungan, si c'est un prêtre, ou la Manbo, si c'est une prêtresse) , se déroulent en deux temps principaux : l'appel et l'accueil des Lwa, le sacrifice ( chèvres, moutons, bœuf ou coqs… les Lwa ont leurs animaux préférés.)

L'appel et l'accueil des Lwa.

Avec le prêtre ou la prêtresse, les initiés sont les principaux acteurs de la cérémonie. Femmes vêtues de blanc, portant un foulard rouge, elles invoquent les Lwa, au rythme de l'asson du oungan, par des prières où se mêlent les cantiques du catholicisme, et des danses.
Les initiés ont divers rôles : musiciens, danseurs, commanditaire, sacrificateur…spectateurs.
On sacralise l'espace par le rite du " jété dlo " ( jeter de l'eau), la disposition des objets sacrés vers les quatre points cardinaux, la parade des drapeaux. Puis les tambours, éléments essentiels et symboliques du rite, de mettent en place. L'excitation ne cesse de grandir. Les tambours mettent à l'unisson les battements des cœurs des initiés et de ceux des Lwa, les deux mondes se rapprochent ainsi à travers les prières, les danses, la musique, les libations.
Les Lwa sont censés se nourrir et bien boire à leur arrivée, ( manjé Lwa, dansé Lwa) pour être bien disposés envers ceux qui sollicitent leur aide. Des mets divers et pâtisseries les attendent, avec des bouteilles d'alcool et des liqueurs…en attendant les sacrifices.
Richard Antilhomme, peintre majeur de la communauté de Saint Soleil trouve aussi son inspiration dans l'esprit du rite Vaudou. Sa peinture qui inspire encore aujourd'hui de très nombreux peintres haïtiens est exposée dans les plus grandes galeries. Ici, sur le modèle d'un vèvè le peintre représente les Lwa Dambala et Papa Legba, qui font partie de la riche mythologie Vaudou. (Collection APAM)

Le sacrifice.

Un initié offre le sacrifice. Il (elle) porte le foulard rouge, goûte aux aliments déposés au pied du poteau mitan. On prépare en l'habillant de symboles multiples, l'animal, auquel on a offert des aliments, qu'on lave et qu'on parfume avec des potions spécifiquement préparées par le Oungan. Les tambours font battre plus vite le cœur des initiés et, au même rythme, dit-on, celui des Lwa sollicités.
Une fois l'animal égorgé, le sacrificateur goûte son sang, les initiés y trempent leurs mains, dessinent sur leur front une croix avec ce sang. L'animal est alors présenté, offert symboliquement aux Lwa, face aux quatre points cardinaux.
Les chants et danses redoublent de puissance. Les vèvè préalablement dessinés sur le sol appellent les Lwa, on leur offre leurs attributs symboliques.
C'est alors que les Lwa arrivent dans le corps des possédés qui se mettent à danser frénétiquement, différemment suivant le Lwa en présence (on dit que les esprits chevauchent les possédés) qui entrent alors en transe. Pour tenter de maîtriser cette force brutale, l' Oungan maître de cérémonie, fait tourner le possédé sur lui-même, le protège (avec l'aide de la foule) pour qu'il ne se blesse pas.. L'esprit chasse l'une des deux âmes du possédé, et prend possession de son corps et de sa tête. Les humains, dit-on, possèdent deux âmes ( Petit bon ange et gros bon ange) l'une représente la matière, l'autre l'immatériel. ( Aux zombis, on a pris la première)

Georges Valris. " Baron Samdi et la Sirène ". Baron Samdi apparaît chevauchant un cheval blanc, dans la posture des libérateurs…qui sont sensés revenir parfois sous forme d'esprits. Catalogue APAM. " Artistes en Haïti "
Le Lwa ne partira pas tout à fait, après la cérémonie, et un lien se créera entre l'initié et l'esprit, pour toute sa vie. Certains initiés contractent même un mariage mystique avec un Lwa. " Les Lwa assurent la continuité entre les vivants et les morts, la stabilité et la survie de la famille, ils sont responsables de la fécondité et de la santé, puis procurent richesses matérielles et spirituelles. " (Laënnec Hurbon)
 
Tableau de Prospère Pierre Louis. La communauté de " Saint Soleil " dont il fut une des figures essentielles, fut un célèbre exemple de peinture spontanée, inspirée. Les Lwa jumeaux sont ici représentés, ainsi que les serpents, attributs du Lwa Dambala. Exposés aussi bien à Paris qu'à Washington ce peintrede Saint Soleil est célèbre dans le monde entier. Catalogue de l'Association humanitaire APAM : " Artistes en Haïti " 23 Bd Brune Marseille.   Leroy Exil. (Catalogue APAM) Une page lui est consacrée dans le livre de Michèle Grandjean. Une de ses œuvres est reproduite dans l'Intemporel de Malraux, un voyage à travers les arts. Il commença à peindre dans le cadre de la communauté de Saint oleil. Il est célèbre dans le monde entier.


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